William Shakespeare

Ne demandez pas raison de mon amour

De Lady Macbeth à Hamlet, les lettres des personnages

  Relié avec jaquette convertible en enveloppe
  octobre 2022
  64 pages     € 7,95
  isbn 9791254760178
  Lettres choisies et présentées par Eusebio Trabucchi
  Traduction des lettres François-Victor Hugo
  Traduction des apparats Delphine Ménage
« Bien que l’amour accepte la raison pour médecin, il ne l’admet pas pour conseiller. »
William Shakespeare

Dans le théâtre shakespearien, les lettres déclenchent de sombres intrigues. Subtils concentrés de style, elles révèlent des amours téméraires, empêchés ou tragiques. Ce très riche opuscule rassemble les lettres les plus mémorables qui émaillent l’œuvre du Barde et nous offrent une perspective inhabituelle sur ses personnages hors du temps.

Considéré comme le plus grand dramaturge de langue anglaise, William Shakespeare (1564-1616) est depuis des siècles lu, joué, commenté, admiré, en raison du caractère intemporel et de la force dramatique de ses pièces. Inspirées de tragédies gréco-romaines, historiques ou de contes italiens, ses œuvres démontrent le pouvoir du langage, capable de dénoncer les travers humains en mêlant le sublime et le grotesque, pour enfin dénouer la trame des destins.

Extrait • Les Joyeuses Épouses de Windsor, acte II, scène 1

Déjà rencontré dans d’autres œuvres shakespeariennes sous les traits d’un chevalier désargenté, bourru et corrompu, Sir John Falstaff est ici le bouffon et courtisan de deux femmes mariées, Mistress Page et Mistress Ford, dont il cherche à obtenir les faveurs au moyen de deux lettres d’amour rigoureusement identiques. Dans cette scène, Mistress Page réagit avec une réticence incrédule et un dédain rageur à la déclaration d’amour de Falstaff.

[Devant la maison de Page. Entre Mistress Page, une lettre à la main.]
MISTRESS PAGE : Quoi ! j’aurai échappé aux lettres d’amour à l’époque fériée de ma beauté, et j’y suis en butte aujourd’hui ! Voyons !
[Elle lit] : « Ne demandez pas raison de mon amour ; car, bien que l’amour accepte la raison pour médecin, il ne l’admet pas pour conseiller. Vous n’êtes plus jeune, moi non plus ; eh bien donc, voilà une sympathie ! Vous êtes gaie, et moi aussi ; ha ! ha ! voilà une sympathie de plus. Vous aimez le vin, et moi aussi ; pouvez- vous désirer une plus forte sympathie ? Qu’il te suffise, maîtresse Page (si du moins l’amour d’un soldat peut te suffire), de savoir que je t’aime ! Je ne te dirai pas : Aie pitié de moi. Ce n’est pas un mot de soldat ; mais je te dirai :
Aime-moi.
Par moi,
Ton véritable chevalier,
De jour ou de nuit,
À toute espèce de lumière,
Prêt à se battre pour toi,
Avec toutes ses forces.

John Falstaff »

Quel Hérode de Judée est-ce là ? Ô perversité, perversité du monde ! Un homme presque mis en pièces par l’âge, faire ainsi le vert galant ! Quel trait de légèreté, au nom du diable, cet ivrogne flamand a-t-il pu saisir dans ma conduite, pour oser m’attaquer de cette manière ? Mais il s’est trouvé trois fois à peine dans ma compagnie ! Qu’ai-je donc pu lui dire ?... J’ai été alors fort sobre de ma gaîté, Dieu me pardonne ! Ah ! je veux présenter un bill au parlement pour la répression des hommes. Comment me vengerai-je de lui ? Car je me vengerai, aussi vrai que ses tripes sont faites de boudins !

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